Fertiliser son verger de caféiers coûte cher mais cela peut rapporter gros
Production agricole
Fertiliser son verger de caféiers coûte cher mais cela peut rapporter gros
La production caféière camerounaise est au plus bas depuis la campagne 1986. Celle du cacao après avoir dégringolé en dessous des 200 000 tonnes s’est finalement stabilisée autour de 230 000 tonnes depuis trois ans. Les objectifs de relance de ces deux filières sont ambitieux avec 600 000 tonnes pour le cacao et 160 000 tonnes pour les cafés Robusta et Arabica en fin 2020.
Au Cameroun, 6775 ha de cacaoyers, de caféiers Arabica et Robusta ont été couverts par des engrais fournis par l’Etat. 1061 producteurs ont été formés issus de 326 organisations de producteurs. Il s’en est suivi une augmentation sensible de la production de l’ordre de 30% à 40% pour les cacaoyers et même de 100% pour les caféiers. Encouragés par ces résultats, le ministre de l’agriculture et du développement rural (MINADER) a décidé de relancer une seconde phase du projet d’appui à l’utilisation des engrais dans les filières cacao et café (PAUEF2C). Elle se veut plus ambitieuse et vise à fertiliser 9200 ha de cacao, 46700 ha de caféiers Robusta et 14700 ha d’Arabica avec des engrais chimiques, organiques et biologiques. Les sept régions productrices de ces spéculations sont concernées, plus le Mayo-Banyo dans l’Adamaoua. 3680 tonnes d’engrais cacao et 24 480 tonnes d’engrais café vont être distribués pendant les six prochaines années. Bernard Awasume, ingénieur agronome et Coordonnateur du projet nous explique sous quels signes, il place cette deuxième phase.
Ruben Etienne : Quels sont les acquis de la fertilisation des vergers cacao et café dans la 1ère phase ?
Bernard Awasume : La 1ère phase du projet a duré trois ans, de 2011 à 2013. La phase II qui commence est une phase de confirmation des acquis de la phase I. Parmi ceux-ci, le PAUEF2C a permis aux producteurs d’apprécier les avantages comparatifs de la fertilisation des vergers cacao et café. Il a aussi permis de reprendre en main certaines activités de production qui n’étaient plus intéressantes pour le producteur avec la baisse des cours mondiaux. C’est la reprise en main de toutes les activités autour du verger qui permet que la relance soit aujourd’hui effective. Dans la même veine, le ministre de l’agriculture M. Ayissi Eyebe a instruit une synergie entre tous les projets qui œuvrent dans la relance de la production dans ces spéculations.
Ruben Etienne : quelles sont les actions prioritaires et les résultats attendus de votre plan d’actions?
Bernard Awasume La seconde phase du projet PAUEF2C va durer six ans à partir de 2016. L’une des activités prioritaires est la sensibilisation pour que le plus grand nombre de producteurs soit informé, touché et sensibilisé. La seconde activité prioritaire c’est le renforcement des capacités qui va permettre aux producteurs de maitriser les techniques d’épandage de ces engrais. Ils seront aussi initiés à la production de certains engrais organiques. Ils sont très faciles à fabriquer et ont un impact sur les rendements. La troisième activité prioritaire, c’est la fertilisation des vergers.
Ruben Etienne : Dans les bassins, les producteurs se plaignent que les engrais arrivent après le calendrier agricole, que leur répondez-vous ?
Bernard Awasume : En effet cela peut arriver mais dans ce cas, les engrais doivent être stockés. Car ils ne sont pas périssables. Ce retard ne nous est pas imputable. Il y a un délai incompressible pour leur procédure d’acquisition. Il faut les respecter et les intégrer dans la programmation. Les engrais bien conservés, gardent toutes leurs qualités même après deux ans.
Ruben Etienne : Quels types d’engrais apportez-vous aux producteurs?
Bernard Awasume : Nous leur proposons à la fois des engrais organiques mais aussi des engrais minéraux. Mais auparavant nous menons des enquêtes dans chaque bassin pour savoir quelle est la formulation préférée. A ce moment nous mettons à leur disposition des produits qui leur sont familiers mais qui sont de meilleure qualité que ceux que l’on trouve sur le marché. Pour ceux qui préfèrent les engrais liquides, nous pouvons les satisfaire mais ce n’est pas le plus important. L’urgent, c’est la qualité des engrais apportés.
Propos recueillis
Par Ruben Etienne / Journaliste/Agric-infos