Cameroun: une stratégie de dépistage du Sida qui foule aux pieds les droits de l'homme

Développement durable

 SIDA : L’OMS impose le dépistage systématique au Cameroun au grand dam des défenseurs des droits humains.

 Impensable il y a seulement quelques années, le Cameroun vient d’adopter sous la pression de l’organisation mondiale de la santé (OMS), une approche de dépistage systématique appelée « TEST AND TREAT » qu’il faut comprendre par Tester et Traiter.

 Vendredi dernier, le ministre de la Santé Publique M. André Mama Fouda a révélé à la presse tous les contours de cette approche. La stratégie « Tester et Traiter » est obligatoire dans tous les établissements sanitaires sur l’ensemble du territoire. Elle permet la prise en charge immédiate des personnes testées VIH-positives. C’est en tout cas la principale révélation de sa communication. Evolution ou révolution, André Mama Fouda n’a pas jugé utile de revenir sur les statistiques qui justifient ce changement de stratégie. L’option de dépistage systématique a toujours été préconisée mais jamais appliquée. Le ministère a toujours reculé devant le respect des droits individuels de la personne. Cette fois, il a mis les gants et chercher délicatement les mots qui peuvent convaincre les opposants car ce principe foule aux pieds les droits de l’individu...

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Réaction

 SIDA, une stratégie de dépistage qui contrarie les droits de la personne

 « Ce n’est pas une obligation mais une recommandation.»

C’est en substance ce qu’il faut retenir de l’interview accordée à Cameroon Tribune par le ministre de la santé M. André Mama Fouda au lendemain de la communication gouvernementale.

 «  Le VIH cause un certain nombre de maladies opportunistes. Au moment de procéder au diagnostic du mal dont souffre une personne, occulter la connaissance du statut sérologique est actuellement une omission professionnelle qui pourrait être fatale au malade. Ce n’est pas une obligation mais  une recommandation car il vaut mieux connaitre son statut»

M. André Mama Fouda - Ministre de la santé publique

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...Dès que vous sollicitez une prise en charge médicale quelque soit la maladie qui vous amène, il vous sera demandé de passer un test de VIH. C’est une mesure moralement contraignante. Elle opprime les droits de la personne qui vient pour une entorse à l’orteil et va pousser les gens vers les tradi-praticiens et la médecine traditionnelle. On ne vous prescrit pas un test de dépistage de cancer au moindre gonflement. Le Cameroun s’inscrit dans la logique de dépister 1 500 000 personnes cette année et 1 800 000, l’année prochaine. Mais pourquoi se fixer un objectif: « Il affirme que le gouvernement dispose d’antirétroviraux qu’il va mettre gratuitement à la disposition des malades du Sida » mais Il ne nous dit toujours pas pourquoi il a adopté une stratégie plus agressive.  Le prétexte, c’est que le  test et le traitement sont gratuits. 

A la vérité, le dépistage et le traitement ne sont pas gratuits. Ils sont seulement subventionnés. « Le nombre des examens a été réduit à 2 à la charge virale et laissé à 4 en cas d’absence de la charge virale. Le coût subventionné de la charge virale est de 5000 FCFA et celui de la numération leucocytaire CD4 est de 2500 FCFA. »  Seuls les enfants de moins de 15 ans, les femmes enceintes et les patients tuberculeux peuvent se faire dépister sans bourse déliée. Pour les autres, le test de dépistage au VIH leur coûtera 500 FCFA.  Ils doivent passer à la caisse.

 Il est à souhaiter que le ministre A. Mama Fouda communique davantage sur les enjeux réels de ce changement de stratégie pour susciter plus d’adhésion de la part des populations.

Ruben Etienne /Journaliste Agricnews

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