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économie rurale
1 septembre 2016

Cameroun: Après la panique des consommateurs, l'Etat réagit enfin

Production / filière avicole et la grippe aviaire

 Cameroun : Après la panique des consommateurs, L’Etat réagit enfin.A Yaoundé, 15000 poulets ont été abattus et incinérés en une journée

 La réouverture annoncée de quelques marchés ne suffit pas à satisfaire la Demande. Mais à l’analyse, la crise aviaire 2016 n’a pas trop décimé le cheptel des volailles comme on le redoutait. Elle l’a placée en léthargie. L’impétuosité et la hargne des gendarmes ont fait le reste. Les fermiers vivent aujourd’hui une sorte de situation transitoire avant le choc fatal. L’effet économique de cette épizootie est important. Mais de plus, il y a l’état psychologique des producteurs à prendre en compte. L’Etat doit faire un état des lieux précis de la filière avant de choisir la forme la plus opportune pour la relancer durablement. Mme Ngueveu Rosette, DG de la société UV Agro SARL, basée à Douala, donne une ébauche des solutions.

 

Ruben Etienne: Quelle évaluation faites-vous de la filière avicole après cette crise ?

 Mme Ngueveu Rosette: On a abattu un nombre élevé de volailles dans certaines régions. Mais les services vétérinaires et les agents de la gendarmerie n’ont pas à chaque fois appelé la presse pour constater les tonnes de viande de poulets qui ont été étouffées et incinérées. Les pertes sont catastrophiques. Pour le marché, dès l’intervention inopportune du ministre de la communication, les prix se sont effondrés. Chez les éleveurs, c’était la panique, chacun voulait se débarrasser de ses poulets. Sur le marché, le poulet de 3000 FCFA se vendait à 1200 FCFA. Une bande de poulets qui pouvait vous rapporter 4 millions FCFA ne vous donnait qu’un million FCFA. C’est une conséquence directe de la grippe aviaire mais vous ne pouvez pas en apporter la preuve.

 

Ruben Etienne: Quelles sont les autres formes de cette crise ?

 Mme Ngueveu Rosette: A la banque ou à la tontine, vous êtes tenus de rembourser vos dettes. Si vous ne soldez pas vos échéances, vous ne bénéficierez pas d’un autre prêt. Les prix se sont donc effondrés mais on n’a pas assez parlé de la panique des consommateurs. Pour ma part, mes plus gros clients, c’est les supermarchés mais un de mes partenaires qui me prenait le poulet à 1600 FCFA/kg le prend aujourd’hui à 1200 FCFA/kg. C’est des poulets dits matures. Ils sont nourris à plus de 90 jours auxquels il faut ajouter les prix d’abattage, de parage, de transport, les charges salariales et les charges fiscales, vous voyez bien que nous tournons à perte. C’est un sacrifice car vous devez maintenir cette clientèle en attendant les jours meilleurs. Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas vu étouffer mes poulets mais mon affaire est en léthargie. Je dois continuer à nourrir les volailles qui sont encore dans les bâtiments, j’ai liquidé près de la moitié à vil prix. Voilà pour les pertes physiques.

 

Ruben Etienne: Quelles sont les conséquences psychologiques de ce drame économique ?

 Mme Ngueveu Rosette: Vous l’avez dit, en plus il y a une affection psychologique. On parle des gens qui se sont suicidés en voyant toutes ces pertes. Mais personnellement, j’ai été très touchée mais j’ai ma philosophie face à ce type d’évènements. De plus, c’est une filière où il faut se préparer à toutes les catastrophes. Aujourd’hui, c’est la grippe aviaire, demain ce sera peut-être la Newcastle qui emporte 90% du cheptel en quelques jours, le Gumboro qui vous prend 95% en trois jours. Donc quand on est dans ce secteur, il faut se préparer psychologiquement à chaque instant. Toutefois, ce qui est gênant, c’est l’intrusion des autorités administratives dans cette crise. Elles sont peut-être mal informées mais elles devraient se garder d’agir et laisser la place aux techniciens.

 

Ruben Etienne: L’Etat a demandé au comité de compétitivité d’évaluer l’état de la filière et de faire des propositions, quelles sont les vôtres ?

 Mme Ngueveu Rosette: L’Etat doit regarder toutes les pertes que je viens d’énumérer et les prendre en compte. Le problème, c’est qu’il faut aller vers les vrais fermiers et non vers les imposteurs qui sont sur le devant de la scène dans les journaux ou sur les plateaux de télévision. Ce sont des imposteurs. Pour nous aider à repartir, nos exigences sont modestes. On peut nous offrir gracieusement 1 ou 2 bandes de poussins pour nous permettre de redémarrer au lieu de donner un milliard FCFA aux accouveurs. 

Ruben Etienne/Journaliste Agric-infos

 

 

ROSETTE NGUEVEU - DIR UV AGRO - IMG_5305

Mme Ngueveu Rosette,

DG de la société UV Agro SARL, 

basée à Douala, donne une ébauche des solutions

 

 

 

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