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économie rurale
21 juin 2018

Financement de l'agriculture de seconde génération

Cameroun:  L’éducation financière va mettre fin à la notion des subventions.

le programme ACEFA appuie les exploitations familiales, bafoussam le 06 juin(c)rubenetienne_0692

La seconde phase de PADMIR va mettre  l’accent sur la qualité de l’offre mais aussi sur la demande. La stratégie retenue pour susciter la demande, c’est l’éducation financière des masses rurales et plus particulièrement des exploitants agricoles. L’éducation financière se fait à trois niveaux. Elle se fait au niveau du projet, car il faut que le personnel du projet maitrise le concept, elle se fait ensuite au niveau des établissements de microfinance parce qu’ils doivent savoir comment éduquer leurs membres, comment les amener à aller vers le crédit pour entreprendre et enfin l’éducation financière des divers accompagnateurs des producteurs que sont parfois les agents vulgarisateurs (AVZ) du ministère de l’agriculture à travers le programme phare PNVRA. Mais de plus, Il ne faut pas oublier les structures faitières et les plateformes qui encadrent les structures de base.

 Agricnews : On a pourtant l’impression qu’il y a des produits financiers nouveaux et spécifiques aux activités rurales mais l’exploitant ne sait pas où aller les chercher ?

 redimensionner - MM. Thomas Nkouenkeu, coordonnateur national : Comme vous le savez, les nouveaux produits, surtout dans le monde des finances, il faut les tester et ensuite apprécier leur attractivité. Actuellement avec la structure ADA, l’agence de Développement Autogérée du Luxembourg, nous avons initié de nouveaux produits mais c’est une technique que de les diffuser d’abord au niveau des EMF.

Toutefois, il faut rappeler que lors de la première phase du PADMIR, nous avons mis en place six produits innovants dont votre journal a largement fait échos. C’était à la demande même de ces EMF. Ils les ont expérimentés mais très peu les ont vulgarisés. Nous, on pense que si un produit est intéressant, les EMF devraient l’adopter comme leur produit phare et le vulgariser auprès du grand public. Lorsque vous avez un centre de santé dans une localité, si vous n’y entrez pas, vous ne saurez jamais qu’il offre des services de qualité. C’est la qualité de ses services qui fait sa publicité. Donc si vous n’allez pas dans cet hôpital, vous n’aurez pas le service.

 Agricnews : à l’analyse, il y a une faille dans la communication car les exploitants jusqu’à présent ne savent vers qui aller, quelle est la solution?

  M. Thomas Nkouenkeu, coordonnateur national : La solution que nous préconisons, c’est qu’il faut intensifier l’éducation financière au niveau des trois paliers que j’ai cités à savoir les EMF d’abord, ensuite le personnel interne du PADMIR et enfin la cible et tous les accompagnateurs qui gravitent autour de la cible. Toutes ces personnes doivent être sensibilisées pour créer une nouvelle dynamique vers le crédit d’investissement. L’objectif est d’amener l’exploitant agricole à adhérer tout d’abord à une microfinance, à apprendre à épargner, ensuite à apprendre à solliciter un crédit pour financer son projet. La notion des subventions est finie. L’agriculture doit se voir comme un business. On constate aujourd’hui que dès qu’un projet est créé, les gens courent pour aller prendre l’argent.

 Agricnews : Qui va implémenter ce processus d’éducation financière sur le terrain, est-ce le PADMIR ou les EMF ?

 M. Thomas Nkouenkeu, coordonnateur national : Comme je l’ai déjà expliqué, le PADMIR travaille en back office, c’est-à-dire qu’il initie des axes de développement et accompagne ceux qui accompagnent les exploitants agricoles. Il est essentiel qu’ils se saisissent de cette notion dès à présent et l’introduisent progressivement dans la mentalité de leurs clients. Le crédit se prépare, il se prend, se gère et est remboursable. Le volet de l’éducation de base sera géré par les EMF et les accompagnateurs.

 Agricnews : PARMIR II vient donc confirmer les acquis de PADMIR I, quelles sont les perspectives pour pérenniser ces acquis ?

 M. Thomas Nkouenkeu, coordonnateur national: La finance rurale est un grand chantier. Au départ, l’administration a pensé que la subvention pouvait booster la production et constituer un levier de développement de toute la chaine. De la période des indépendances jusqu’à nos jours, on n’a pas mis en place un système de financement qui puisse porter le secteur agricole. On a toujours subventionné. L’agriculture camerounaise est resté subventionnée.Il n’y a qu’à voir les cris qui montent des campagnes lorsque les subventions auxquelles les gens étaient habitués n’arrivent pas. 

Le chef de l’Etat veut mettre en place l’agriculture de seconde génération. C’est une agriculture dont la conception, la mise en place et la rentabilité doivent être certaines. Je pense que lorsqu’un exploitant décide de mener cette activité économique, c’est comme pour toute entreprise. Il faut générer des revenus et produire un bénéfice d’où la nécessité sinon l’obligation de prendre un crédit pour mener son activité en toute indépendance. Je pense que c’est un grand chantier et le pays ne pourra avancer vers la croissance et son développement qu’en mettant en place un nouveau système de financement du secteur agricole et rural. Dans ce système tous les maillons de la chaine doivent être mis en place. Il ne faut pas seulement regarder vers la production, il faut aussi appuyer la recherche, les transporteurs, les usiniers, les commerçants, c’est tous ce monde qui constituent la chaine de valeurs d’une filière agricole.

interview réalisée par Ruben Etienne et mis en forme par Emilie Mahop

Mots clés: PNVRA - éducation ouvrière - exploitant agricole - agents vulgarisateurs - crédit d'investissement - masse rurale - développement - chaîne de valeurs agricoles - Cameroun - subventions - PADMIR

 

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